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LE KALEVALA

« N’accuse jamais notre fille, notre blanche colombe d’être d’une naissance vulgaire, de n’avoir point de famille ! Notre fille, au contraire, est d’une naissance illustre et sa famille est nombreuse. Si l’on semait un boisseau de fèves on de graine de lin, une tige de chaque espèce s’élèverait pour chacun de ses parents[1]

« Ô cher fiancé, garde-toi de maltraiter Ia jeune fille, ne lui montre point son chemin avec le fouet de l’esclave ; ne la fais point gémir et pleurer sous les coups de verges ou de lanière ; ne la force point à se lamenter à l’ombre du hangar. Jamais, tandis qu’elle habitait la maison de son père, on n’a cherché à l’instruire avec le fouet de l’esclave, jamais on ne l’a fait gémir sous les coups de verges ou de lanières, on ne l’a forcée à se lamenter à l’ombre du hangar.

« Dresse-toi devant elle comme un mur protecteur, comme une porte infranchissable ! Ne permets pont que ta mère la frappe, que ton père l’accable d’injures ! Ne souffre point qu’un étranger, qu’un habitant d’une autre maison se montre avec elle insolent et dur. Si les gens de ta famille t’excitent contre elle, ne les écoute point ; ne flagelle point ta bien-aimée, ne frappe point l’amie de ton cœur, celle après laquelle tu as soupiré pendant trois ans, celle que tu as recherchée avec tant de persévérance !

« Ô fiancé, mon cher frère, instruis la douce jeune fille, fais la leçon à ta gracieuse pomme, dans l’ombre du lit, derrière la porte, dans chaque endroit secret de la maison, la première année par la parole, la seconde

  1. « Ellös vainen neioistamme
    « Tatä liina-linnuistamme,
    « Sanoko su’uttomaksi,
    « Laatiko lajittomaksi !
    « Onpa tällä neiollamme
    « Suku suuri, laji laaja,
    « Kappa ois kylveä papuja,
    « Jyvä kullenki tulisi,
    « Kappa panna pellavaista,
    « Kuitu kullenki tulisi. ».