Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
vingt-quatrième runo

« Tu as à tes côtés une vierge pure, tu as en ta puissance une vierge d’une blancheur lumineuse, tu as sur ton sein et dans tes bras, une épouse florissante et pleine de beauté. Elle est habile et diligente à battre le grain, adroite aux travaux des champs, elle est charmante en lavant le linge, élégante en lavant les vêtements ; elle file avec grâce, elle tisse avec activité.

« Sa navette chante comme chante le coucou sur une colline, elle court comme court l’hermine à travers une pile de bois, elle tourne comme tourne la pomme de pin dans la bouche de l’écureuil. Le village ne dort point lourdement, les habitants du château ne sommeillent point à cause du bruissement, à cause du murmure de la navette de la jeune fille[1].

« Ô charmant jeune homme, beau fiancé, mon cher frère, forge une faux au tranchant aigu, et arme-la d’un manche solide, d’un manche taillé près de la grille de l’enclos, travaillé sur un bloc de bois. Et quand se lèvera un jour de beau soleil, conduis la jeune fille dans le pré ; tu verras alors comment l’herbe, l’herbe dure, tombera, comment les algues et les autres plantes joncheront la terre, comment les mottes de gazon seront aplanies, comment les tiges des arbustes seront brisées.

« Et quand luira un autre jour, prépare une bonne navette, une rame et une ensouple irréprochables, un métier à tisser complet ; fais ensuite asseoir la jeune fille devant ce métier, mets-lui la navette entre les mains ; tu entendras alors, la navette bruire, et son bruis-

  1. « Niin sen piukki pirrau nääüni,
    « Kuin kaki maella kukkui,
    « Niin sen suihki sukkulainen,
    « Kuin on portimo pinossa,
    « Niin sen kaämi kaännähteli,
    « Kuin kapy oravan suussa,
    « Ei kyla sikein maannut,
    « Linnakunta uinaellut
    « Neien pirrau pirkeheltä,
    « Sukkulan surinehelta. »