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introduction

bien des lacunes, bien des types incomplets. Pour qu’il dût s’immobiliser dans cet état primitif, il eût donc fallu que le foyer populaire d’où il était issu eût vu s’éteindre sa dernière flamme, que la mine des runot fût à jamais épuisée. Or, il était loin d’en être ainsi. À peine le Kalevala avait-il paru qu’une immense secousse patriotique avait ébranlé tout le pays finnois ; les bardes nationaux sollicités par l’élan général se montrèrent aussi prodigues qu’ils s’étaient montrés réservés jusqu’alors ; les runot débordèrent.

À la faveur d’un tel mouvement, la Société académique fondée à Helsingfors, en 1831, dans le but de rechercher et de publier les monuments de la littérature nationale, prit une nouvelle activité. Elle envoya des collecteurs de runot subventionnés par elle[1] dans toutes les parties de la Finlande, principalement dans celles qui n’avaient pas encore été visitées ou qui ne l’avaient été qu’imparfaitement. Pas un village, pas un hameau ne furent oubliés. En même temps Castren, l’héroïque Castren, après avoir exploré la

  1. Parmi ces courageux collecteurs de runot qui depuis se sont fait un nom par d’importants travaux dans la littérature nationale de la Finlande, Lönnrot cite, dans la préface de la nouvelle édition du Kalevala, MM. Cajan, Europeus, Ahlqvist, Polen, Sirenius et Reinholm.