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LE KALEVALA

vent qui soufflait ; ce n’étaient point les arbres qui s’écroulaient, ni les rivages de la mer qui grondaient, ni le sable qui se soulevait avec fracas : c’est le peuple de mon gendre, ce sont les compagnons de mon gendre qui arrivent par centaines.

« Comment reconnaîtrai-je mon gendre au milieu de la foule ! Mon gendre est reconnaissable entre tous. On reconnaît le putier au milieu des autres arbres, le chêne au milieu des hautes futaies ; on reconnaît la lune au milieu des étoiles du ciel.

« Mon gendre monte un étalon noir, un étalon semblable à un loup dévorant, semblable à un corbeau qui fuit avec sa proie, semblable à une alouette aux ailes légères. Six coucous d’or chantent sur son collier, sept oiseaux bleus chantent autour de ses harnais. »

Et, maintenant, un grand bruit se fait entendre du côté du cortège ; les traîneaux roulent avec éclat sur le chemin du puits ; le gendre s’avance avec sa troupe ; il marche au milieu d’elle, au milieu du cortège de noce ; il n’est ni des premiers ni des derniers.

« Allons, garçons, allons, héros, allons, hommes à la plus haute taille, hâtez-vous de dételer les chevaux ; hâtez-vous d’abaisser les timons et d’introduire mon gendre dans la maison ! »

L’étalon du gendre bondit, le brillant traîneau vole comme l’éclair autour de l’habitation du beau-père. Et la mère de famille de Pohjola dit : « Ô esclave salarié, beau journalier du village, détèle le cheval de mon gendre, le cheval au front étoilé, débarrasse-le du train de cuivre, de la ventrière garnie d’étain, du collier fait de jeune osier, et mène-le par ses rênes de soie, sa bride d’argent, mène-le se rouler sur le sol uni, sur la neige fine, sur la terre blanche comme le lait !

« Baigne l’étalon de mon gendre dans la source voisine, la source toujours ouverte, dont l’eau murmure doucement sous la racine du sapin d’or, sous le pin à la riche couronne !