Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
dix-huitième runo

faut que je parte, il faut que je me rende à Pohjola. »

L’esclave répondit : « Nous avons six étalons, six coursiers mangeurs d’avoine, lequel dois-je atteler ? »

Le forgeron dit : « Prends le meilleur de tous, le coursier à la robe brune. Place ensuite six oiseaux chantants, sept oiseaux au plumage bleu, sur l’arc du collier, sur l’avant-train, afin que leur chant, que leur gazouillement attirent les regards des belles jeunes filles et les remplissent de joie. Donne-moi aussi une peau d’ours pour en garnir mon siége, une peau de loutre pour en couvrir mon beau traîneau de fête. »

L’esclave à vie, l’esclave salarié, attela le coursier, le brun coursier, au traîneau. Puis, il plaça six coucous chantants, sept oiseaux bleus, pour chanter sur l’arc du collier, pour gazouiller sur l’avant-train ; et il apporta une peau d’ours pour que le maître pût en garnir son siége, il apporta une peau de loutre pour en couvrir le beau traîneau.

Alors, Imarinen, le forgeron éternel, invoqua Ukko, pria le dieu du tonnerre : « Ô Ukko, fais tomber une jeune neige, fais distiller une fine pluie de neige, en sorte que le beau traîneau puisse glisser, que le beau traîneau puisse voler rapidement ! »

Ukko fit tomber une jeune neige, il fit distiller une fine pluie de neige ; elle couvrit les tiges de bruyères, elle s’éleva au-dessus des tiges des baies, dans l’étendue des champs.

Et le forgeron Ilmarinen prit place dans le traîneau d’acier, et il dit : « Ô Onni[1], gouverne mes rênes, ô Jumala, descends dans mon traîneau ! Onni ne lâche point les rênes, Jumala ne brise point les traîneaux. »

Ainsi, il prit les rênes d’une main, de l’autre il saisit le fouet ; il cingla les flancs du cheval et dit : « Pars, maintenant, beau coursier, coursier à la crinière de lin, prends ton essor ! »

  1. Personnification du bonheur.