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DIX-HUITIÈME RUNO

sommaire.
Wäinämöinen, monté sur son nouveau navire, se dirige vers les régions de Pohjola, pour y demander la main de la belle vierge. — Ilmarinen, prévenu de ce voyage par sa sœur, revêt ses plus beaux habits, fait atteler son plus beau traîneau, et prend aussi, de son côté, la route de Pohjola. — Il rencontre Wäinämöinen, et fait un pacte avec lui, d’après lequel ils s’engagent l’un et l’autre à ne point forcer la volonté de la fille de Pohja. — Louhi conseille à celle-ci de choisir le vieux Wäinämöinen. — Mais, la jeune fille préfère celui qui a forgé le Sampo et oppose un refus formel à la demande du Runoia.

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen, se mit à penser et à réfléchir profondément. Il résolut d’aller demander la main d’une jeune fille, d’aller voir la belle chevelure, la vierge célèbre, la superbe fiancée de Pohja, dans la sombre Pohjola, dans la nébuleuse Sariola.

Il revêtit son bateau de vadmel[1], il en peignit les bords en rouge, il en incrusta les ais d’or et d’argent. Et un jour, un matin, il fit glisser sur les rouleaux polis la coque formée de cent poutres, et la lança dans l’eau.

Et il dressa le mât, et il hissa les voiles à sa cime, une voile rouge, une autre voile bleue. Puis, il se plaça au gouvernail et se dirigea vers la haute mer.

Et il prit la parole et il dit : « Viens, maintenant, ô Ju-

  1. Grossier tissu de laine grise dont s’habillent les paysans finnois. Autrefois, lorsque la monnaie métallique était encore inconnue, ils se servaient du vadmel comme de valeur d’échange.