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dix-septième runo

comme les étincelles, dans ces voies que parcourt le soleil et où roule le disque de la lune !

« Si tu as surgi, ô misérable, des profondeurs de la mer, si tu es sorti du sein des flots, retourne dans la mer, plonge sous les flots, précipite ta course jusqu’aux bords du château fangeux, jusqu’au sommet de la montagne humide, afin d’y être secoué par les vagues, ballotié par l’eau profonde !

« Si tu es venu des landes de Kalma, des demeures de ceux qui ont disparu pour toujours, retourne à Kalma, retourne à cette terre au ventre gonflé[1], à cette terre si souvent remuée, où toute une race a été précipitée, où tout un peuple puissant a été enseveli !

« Situes venu, ô être stupide, de la caverne du bois de Hiisi, de sa maison de pins, de sa chambre de sapins, retourne à la caverne du bois de Hiisi, à sa maison de pins, à sa chambre de sapins, et restes-y jusqu’à ce que le plancher pourrisse, jusqu’à ce que les poutres des murs soient rongées par les vers, Jusqu’à ce que le toit s’effondre !

« Oui, va où je t’envoie, ou je te pousse, va, à misérable, dans le repaire de l’ours, dans la tanière de l’ourse, dans les vallées humides, dans les marais sans fond, dans les sources bondissantes, dans les ruisseaux à l’onde moutonneuse, dans les lacs vides de poissons, tout à fait vides de perches !

« Et si tu n’y trouves point de place, gagne les frontières lointaines de Pohja, les vastes régions de Laponie, les forêts défrichées infécondes, les champs non labourés, là où le soleil et la lune ne montrent jamais leur lumière ! Il te sera doux d’y vivre, il te sera agréable d’y demeurer. Les élans y sont suspendus dans les arbres, les rennes agiles y sont enchaînés, pour servir de pâture à l’homme affamé, pour rassasier le héros ambitieux[2].

  1. Allusion aux monticules de terre formés par les sépultures.
  2. C’est-à-dire le gibier y abonde.