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le kalevala

m’a conduit dans Manala, l’acier m’a poussé vers Tuonela. »

Les filles de Tuoni, à la taille courte, les filles de Manala, au corps rabougri, dirent : « Nous recannaissons là le menteur. Si le fer t’avait conduit ici, si l’acier t’y avait poussé, le sang souillerait Les vêtements, il y bouillonnerait en rouges rayons. Dis-nous la vérité, à Wäinämöinen ; pour la seconde fois, dis-nous la vérité ! »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen dit : « L’eau m’a conduit à Manala, les vagues m’ont poussé vers Tuonela. »

Les filles de Tuoni, à la taille courte, les filles de Manala, au corps rabougri, dirent : « Nous comprenons suffisamment le menteur. Si l’eau t’avait conduit ici, si les vagues t’y avaient poussé, l’eau découlerait de tes vêtements, tous leurs plis en ruisselleraient. Confesse-nous la vérité sans plus de détour ; comment es-tu venu à Manala ? »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen dit : « Le feu ma conduit à Tuonela, la flamme m’a précipité dans Manala. »

Les filles de Tuoni, à la taille courte, les filles de Manala, au corps rabougri, dirent : « Nous devinons le menteur. Si le feu t’avait conduit ici, si la flamme t’y avait précipité, le poil de ta peau serait brûlé, ta barbe serait consumée.

« Ô vieux Wäinämöinen, si tu veux avoir un de nos bateaux, reviens enfin sur tes mensonges, et confesse-nous franchement la vérité. Comment es-tu venu à Manala, puisque nulle maladie ne t’a donné la mort, nul malheur ne t’a tué, nulle catastrophe ne t’a brisé ? »

Le vieux Wäinämöinen dit : « Si j’ai tenté de vous tromper, si j’ai essayé, une ou deux fois, de me jouer de vous, je parlerai, maintenant, selon la vérité. Je construisais un bateau, je charpentais une barque à l’aide du chant. J’ai chanté un jour, j’ai chanté deux jours, j’ai chanté trois jours. Alors, le traîneau du chant à volé en éclats, le pied du traîneau des runot s’est brisé. Et je suis