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introduction

tous les foyers, interrogeant tous ses hôtes, et faisant chanter tous les runoiat populaires, dont il avait réussi à capter la bonne volonté, jusqu’à épuisement de leurs chants.

Quand, à son retour, il eut dépouillé ses cartons et mis en ordre ses matériaux, il se trouva en possession de plusieurs poëmes détachés, anciens et modernes, qu’il publia sous le nom de Kanteletar[1], et d’une grande épopée antique à laquelle il donna le titre de Kalevala.

Ces deux ouvrages ont à jamais immortalisé le docteur Lönnrot. On l’a surnommé l’Homère finlandais.

Dans une série de lettres où il raconte les péripéties de son voyage, Lönnrot donne de curieux détails sur la manière dont il recueillait les runot, et formule ainsi tout un code d’instruction pour ceux qui, plus tard, marcheront sur ses traces. En certains endroits, les paysans regardent les runot, les grandes runot traditionnelles, comme un mystère sacré et inviolable ; ils les chantent entre eux, mais ils les dérobent avec soin aux étrangers. Les livrer serait, à leurs yeux, une profanation ; et quelque

  1. De Kantele, sorte de harpe en usage chez les Finnois. Le Kanteletar a eu jusqu’à présent deux éditions : la première, publiée en 1840, en 3 vol. in-12 ; la seconde en 1864, en un vol. grand in-8o.