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au mieu des flots, le pays riche de miel, la nouvelle demeure de Tuuri[1], la maison découverte de Palvonen[2]. Là, se trouve un doux miel, un baume merveilleux, propre à raffermir les veines, à rejoindre les articulations brisées. Apporte-moi de ce baume, de ce remède puissant, afin que je l’applique sur les plaies béantes, sur des douloureuses blessures. »

Mehiläinen, l’agile oiseau, se hâta de repartir. Elle traversa neuf mers et la moitié d’une dixième ; elle vola un jour, elle vola deux jours, elle vola presque trois jours, sans se reposer un seul instant, sur une branche, sur une feuille ; et elle arriva à l’île située au milieu des flots, au pays riche de miel, près de la chute de la cataracte flamboyante, du tourbillon du torrent sacré.

Là, on préparait le miel, on distillait le baume dans des creusets, dans des vases brillants et propres, mais si petits, que le pouce, que la pointe du doigt suffisaient à les remplir.

Mehiläinen, l’intelligent oiseau, prit de ce miel, prit de ce baume, et revint presque aussitôt, en agitant doucement ses ailes, avec six creusets entre ses pattes, sept creusets sur ses épaules et sur son dos, tous pleins du baume, du merveilleux remède.

La mère de Lemmikäinen appliqua le nouveau miel, le miel huit fois, neuf fois puissant sur les plaies du héros. Mais, il demeura sans effet ; le héros n’en fut point soulagé.

La mère de Lemminkäinen dit : « Ô Mehiläinen, oiseau de l’air, il faut que tu entreprennes un troisième voyage. Déploie tes ailes vers le ciel bleu et franchis-en les neuf voûtes. Là, se trouve le vrai miel, le baume efficace, dont le Créateur s’est servi lui-même, dont Jumala a frotté les blessures de ses propres fils, alors qu’ils

  1. S’agirait-il de Tuurum, nom que les Ostjaks donnent au dieu du ciel ?
  2. Personnage inconnu.