Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
le kalevala

nelles de Manala. Il a roulé à travers les tourbillons écumeux, jusqu’aux plus intimes profondeurs de leurs abîmes. »

La vieille mère de Lemmikäinen versa des larmes amères ; elle se rendit à la forge du forgeron. « Ô Ilmarinen, toi qui forgeais jadis, qui forgeais hier, qui forges encore aujourd’hui, forge-moi un râteau au manche de cuivre, aux dents de fer, aux dents longues de cent brasses, au manche long de cinq cents brasses ! »

Ilmarmen, le forgeron éternel, forgea un râteau au manche de cuivre, aux dents de fer, aux dents longues de cent brasses, au manche long de cinq cents brasses.

Et la mère de Lemmikäinen prit le râteau, et elle se rendit près du fleuve de Tuoni. Là, elle adressa une prière au soleil : « Ô soleil, à flambeau d’or créé par Jumala, verse, d’abord, un de tes chauds rayons, puis un dettes rayons brûlants, tes plus puissantes ardeurs ; endors la troupe farouche, accable de fatigue le peuple de Manala, énerve la grande armée de Tuoni ! »

Le soleil créé par Dieu, le flambeau d’or, issu de Jumala, descendit sur un bouleau rabougri, sur un aulne au tronc tordu ; de là, il versa d’abord un de ses chauds rayons, puis un de ses rayons brûlants, ses plus puissantes ardeurs ; il endormit la troupe farouche, il accabla de fatigue le peuple de Manala, il énerva la grande armée de Tuoni. Les jeunes hommes s’alourdirent sur leurs glaives, les hommes mûrs sur leurs épieux, les vieillards sur leurs bâtons. Ensuite, le soleil prit son essor vers les hauteurs célestes et retourna dans son antique demeure.

Alors, la mère de Lemmikäinen se mit à rechercher son pauvre fils. Elle plongea son râteau dans le torrent mugissant, elle le promena à travers les ondes agitées, mais, sans aucun succès.

Elle s’enfonça elle-même dans l’eau profonde, dans la vaste mer jusqu’aux genoux, jusqu’au milieu du corps.

Le râteau parcourt tout le fleuve de Tuoni. Elle le