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le kalevala

Il se couvrit d’une chemise de fer, il ceignit un baudrier d’acier, et il dit : « Le héros est plus ferme dans une cuirasse, plus puissant dans une chemise de fer, plus hardi dans un baudrier d’acier ; il peut affronter les méchants sorciers, il peut se rire des plus faibles, se moquer même des plus forts. »

Il prit son glaive à la pointe aiguë, son glaive aiguisé chez Hiisi, trempé dans la demeure des dieux, et il le mit dans le fourreau, et il le suspendit à son côté.

Où le guerrier se mettra-t-il en garde ? Où le farouche héros se munira-t-il d’une égide protectrice ? Il se met en garde, il se munit d’une égide protectrice, devant la porte de la maison, sous la poutre qui couronne le seuil de la chambre, à l’ouverture du chemin, du chemin même le plus éloigné qui conduit à l’habitation.

Mais toutes ces précautions ne peuvent servir que contre les femmes ; il faut contre les hommes une égide plus puissante, plus efficace ; le héros s’en munit à l’embranchement de deux chemins, sur le dos d’une pierre bleue, près d’une source bondissante, sur les bords d’une cataracte orageuse, d’un tourbillon écumeux.

Là, le joyeux Lemmikäinen éleva la voix, et il dit : « Sortez de la terre, ô hommes du glaive, sortez de la terre, ô héros vieux comme la terre ! Sortez des sources, guerriers à la lame étincelante, sortez des fleuves, archers à la main sûre ! Et toi, ô forêt, viens avec tes hommes ; désert, viens avec ton peuple ; vieillard de la montagne viens avec ta force ; démon des eaux, viens avec tes épouvantements ! Et toi, femme antique des mers, et vous, vierges des sources, venez avec votre puissance ! Oui, accourez tous autour du héros, du célèbre héros ; combattez avec lui, afin que les noirs artifices des sorciers, que le couteau de fer des sorcières, que les flèches des meilleurs tireurs ne mordent point sur lui !

« Et, si cela ne suffit point, j’aurai recours à d’autres moyens, j’élèverai plus haut mes soupirs, j’invoquerai