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onzième runo

Alors, le joyeux Lemmikäinen frappa les flancs de son étalon avec son fouet ; et, en lançant son traîneau, il dit : « Adieu, maintenant, ô tilleuls de Saari ; adieu, ô racines des pins, troncs des sapins, vous, à travers lesquels j’ai erré pendant les étés, pendant tous les hivers, me cachant sous les nuits sombres, me glissant sous les orages, tandis que je chassais cette douce gelinotte, que je cherchais à captiver cette gracieuse colombe. »

Le traîneau volait avec un fracas de tempête ; et bientôt une maison apparut, et la belle Kylliki dit : « Voilà, certes, une triste cabane qui se dresse là-bas, devant nous, un vrai nid de misère ! À quel homme de rien appartient-elle ? »

Le joyeux Lemmikäinen répondit : « Ne t’inquiète pas de cette maison ! Nous en construirons une meilleure, nous la construirons avec les plus grosses poutres, avec les plus belles solives de la forêt. »

Et le joyeux Lemmikäinen arriva enfin à sa demeure, auprès de sa douce mère, de sa bien-aimée nourrice.

La vieille femme lui dit : « Tu es resté longtemps, mon cher fils, oui, bien longtemps, sur la terre étrangère. »

Le joyeux Lemmikäinen répondit : « J’avais à me venger des moqueries des jeunes filles, des rires des chastes vierges, car elles s’étaient moqué de moi, elles m’avaient tourné en ridicule, et je m’en suis vengé, et j’y ai mis fin, en enlevant la plus belle, la meilleure d’entre elles, en l’emportant dans mon traîneau.

« Ô ma mère, toi qui m’as porté dans ton sein, toi qui m’as donné le jour, j’ai atteint le but de mon voyage, j’ai trouvé ce que j’étais allé chercher. Prépare, maintenant, ton lit le plus doux, tes coussins les plus moelleux, afin que je puisse dormir dans mon propre pays, près de ma jeune épouse. »

La vieille femme dit : « Sois donc glorifié, ô Jumala, sois loué, unique créateur, car tu m’as envoyé une belle