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dixième runo

tête basse, son bonnet incliné de côté[1]. Il réfléchissait profondément, et se demandait comment il pourrait quitter la sombre Pohjola, la nébuleuse Sariola, pour retourner dans sa demeure, dans son pays bien-aimé.

La mère de famille de Pohjola lui dit : « Ô Ilmarinen, pourquoi es-tu si triste ? Pourquoi ton bonnet est-il ainsi incliné de côté ? Regretterais-tu ton ancienne patrie ?

Ilmarinen répondit : « Oui, je soupire après mon ancienne patrie ; je voudrais revoir ma maison, afin d’y mourir, afin d’y être enseveli. »

La mère de famille de Pohjola servit à boire et à manger au héros. Puis elle le fit asseoir dans un bateau, près du gouvernail orné de cuivre ; et elle éveilla le vent, vent du nord, et elle lui commanda de souffler, de souffler avec force.

Et le forgeron Ilmarinen, le batteur de fer éternel, s’élança sur la mer bleue. Il vogua un jour, il vogua deux jours ; le troisième jour, il arriva dans son pays, dans la maison où il était né.

Le vieux Wäinämöinen lui dit : « Ô frère Ilmarinen, ô batteur de fer éternel, as-tu déjà forgé le nouveau Sampo, as-tu orné le beau couvercle ?

Ilmarinen répondit : « Oui, déjà le nouveau Sampo s’est mis à moudre, le beau couvercle s’est mis à s’agiter : un coffre a été moulu pour être mangé, un autre coffre pour être vendu, un troisième coffre pour être conservé. »

  1. Cette expression revient souvent dans les runot. Le bonnet incliné de côté était chez les Finnois un signe de profonde tristesse.