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taires ; et il appela à lui des esclaves[1] pour souffler, des hommes forts pour travailler.

Les esclaves soufflèrent sans interruption, les hommes forts travaillèrent pendant trois jours, pendant trois nuits d’été ; les pierres se gonflaient sous leurs talons, les blocs de rochers se tuméfiaient sous leurs pieds.

Ilmarinen se pencha, le premier jour, sur la fournaise, pour voir ce que le feu avait produit, ce qui avait surgi de la flamme.

Il vit un arc, un arc d’or, un arc à la tête d’argent, au corps orné de cuivre.

« Cet arc est de belle apparence, mais ses habitudes sont mauvaises. Chaque jour, il lui faut une tête ; les meilleurs jours, il lui en faut deux. »

Ilmarinen n’en éprouva donc pas trop de joie ; il brisa l’arc en morceaux, et les jeta dans le feu ; et les esclaves recommencèrent à souffler, les hommes forts à travailler.

Ilmarinen se pencha, le second jour, sur la fournaise, pour voir ce que le feu avait produit, ce qui avait surgi de la flamme.

Il vit un bateau, un bateau rouge, un bateau à la poupe et à la proue d’or, au gouvernail de cuivre.

« Ce bateau est de belle apparence, mais ses habitudes ne sont pas bonnes. On tenterait en vain de le diriger avec les rames, il se précipiterait sans nécessité dans les combats. »

Ilmarinen n’en éprouva donc aucune joie. Il brisa le bateau en morceaux, et les jeta dans le feu : et les esclaves recommencèrent à souffler, les hommes forts à travailler.

Ilmarinen se pencha, le troisième jour, sur la fournaise,

  1. Cette expression ne doit point être prise à la lettre. Les Finnois avaient des domestiques et non des esclaves ; ils donnaient même un salaire aux prisonniers de guerre qu’ils amenaient chez eux, bien que, d’après la coutume générale, ils eussent le droit de les réduire en esclavage.