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iv
introduction

rissante, lui avait apporté sa religion, ses lois, son organisation politique, sa langue, sa littérature, elle s’oubliait, en quelque sorte, elle-même pour s’inféoder de plus en plus à sa métropole ; et, comme elle versait généreusement son sang sur les champs de bataille pour l’honneur du nom suédois, elle consacrait à le faire resplendir, dans les luttes pacifiques, ses plus belles et ses plus puissantes facultés.

De son côté, la Suède se montrait peu soucieuse de provoquer en Finlande un mouvement littéraire national de quelque importance ; peut-être même en eût-elle pris ombrage, et l’eût-elle considéré, sinon comme une protestation contre ses droits séculaires, du moins comme un attentat à un ordre de choses qu’elle avait créé, qu’elle voulait maintenir, et dont elle prétendait recueillir les meilleurs profits. Aussi, à peu d’exceptions près, toute création du génie finnois s’imprégnait-elle fatalement du génie suédois ; l’identification entre les littératures des deux pays était complète ; ils n’avaient qu’un seul et même panthéon.

En 1809, la condition politique et sociale de la Finlande fut bouleversée de fond en comble. Arrachée à la Suède, elle passa sous la domination russe. Séparation violente qui produisit dans l’âme