Page:Léouzon le Duc - Le Kalevala, 1867.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
neuvième runo

de faire souffrir les pierres, de torturer les rochers.

Puis il prépara une étoffe de soie, il la coupa en morceaux et en fit des bandages, pour fixer l’appareil sur le genou du pauvre héros, sur le pied de Wäinämöinen.

Et il prit la parole, et il dit : « Que la soie du Créateur serve de bandage, que le manteau de Jumala serve de couverture à ce bon genou, à ce pied solide ! Abaisse tes regards sur l’appareil, ô beau Jumala ; protége-le, ô glorieux Créateur ; veille à ce qu’il ne lui manque rien, à ce qu’il ne lui arrive aucun accident ! »

Soudain, le vieux Wäinämöinen se sentit merveilleusement soulagé, et, bientôt, sa guérison fut complète. Sa blessure se ferma, sa chair devint plus ferme, plus belle qu’elle n’avait jamais été ; son pied reprit sa force, son genou sa flexibilité, et il n’éprouva plus aucune douleur.

Alors, il éleva majestueusement ses regards vers le ciel, et il dit : « Les grâces, le secours bienfaisant viennent toujours du haut du ciel, du tout-puissant créateur. Sois béni, ô Jumala, sois glorifié, ô Dieu unique, toi qui m’as si efficacement protégé au milieu de mes angoisses, de ces douleurs causées par les morsures du fer ! »

Le vieux Wäinämöinen dit encore : « Ô race de l’avenir, race qui te renouvelles au sein des âges, garde-toi de construire un bateau avec un cœur superbe, de montrer trop de confiance, même en en façonnant un seul côté ! C’est à Jumala, c’est au Créateur seul qu’il appartient d’achever un ouvrage, de mettre la dernière main à un projet, et non à l’habileté du héros, à la puissance du fort ! »

    entrailles, sous la garde de Kipu-Tyttö, fille de Tuoni, la déesse des maladies.