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le kalevala

couchée près de l’âtre, lui répondit : « Il n’est personne, dans cette maison, qui puisse examiner l’œuvre du fer, il n’est personne qui connaisse assez l’origine du sang pour fermer tes plaies. Va chercher ailleurs ! »

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen fit claquer son fouet orné de perles. Il prit le troisième chemin et gagna la dernière maison.

« Est-il quelqu’un, dans cette maison, qui puisse examiner l’œuvre du fer, opposer une digue au fleuve qui déborde, aux flots de sang qui se précipitent ? »

Un vieillard à la barbe grise, couché au-dessus du poêle[1], lui répondit d’une voix rugissante : « On a enchaîné de plus grands fleuves, on a dompté de plus fiers torrents, avec les trois paroles du Créateur, la mystérieuse puissance des paroles originelles. On a arrêté les fleuves à leur embouchure, les ruisseaux des marais à leur source, les cataractes au milieu de leurs bouillonnements ; on a suspendu les golfes à la pointe des promontoires, on a réuni les isthmes avec les isthmes. »

  1. Les poêles des Finnois sont construits de manière à ce qu’au-dessus du foyer s’étende une vaste plate-forme où l’on met un lit. On y couche pendant l’hiver, et lorsque le froid est très-rigoureux, les vieillards y restent presque toute la journée.