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le kalevala

Alors, la mère d’Aino commença à pleurer, à se lamenter, et elle dit :

« Gardez-vous, ô pauvres mères, gardez-vous, durant cette vie terrestre, de bercer vos filles, de nourrir vos enfants, pour les unir à l’homme qu’elles n’auront point choisi, comme je l’ai fait, moi, avec mes filles, avec mes chères colombes ! »

Et la mère continua de pleurer. Les larmes coulent de ses yeux bleus sur ses tristes joues.

Une larme tombe, puis une autre, et de ses tristes joues, elles roulent sur sa belle poitrine.

Une larme tombe, puis une autre, et de sa belle poitrine, elles roulent sur les fins plis de ses vêtements.

Une larme tombe, puis une autre, et des fins plis de ses vêtements, elles roulent sur ses bas bordés de rouge.

Une larme tombe, puis une autre, et de ses bas bordés de rouge, elles roulent sur ses souliers brodés d’or.

Une larme tombe, puis une autre, et de ses souliers brodés d’or, elles roulent sur la terre qui s’étend à ses pieds ; elles roulent sur la terre, pour le profit de la terre, elles roulent dans l’eau, pour la jouissance de l’eau[1].

Et de ces larmes, trois fleuves surgirent, et de chaque fleuve, trois cataractes impétueuses comme la flamme, et au milieu de ces cataractes, trois îles, et sur les bords de chaque île, une montagne d’or, et sur la cime de chaque montagne, trois bouleaux, et dans la couronne de chaque bouleau, trois beaux coucous.

Les coucous se mirent à chanter.

Le premier dit : « Amour, amour ! »

Le second dit : « Fiancé, fiancé ! »

Le troisième dit : « Joie, joie ! »

Celui qui dit : « Amour, amour ! » chanta pendant

  1. Idiotisme analogue à celui dont il a été question plus haut. V. page 33, note 2.