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CHAPITRE CCCLIV.

Usage de la Perspective dans la peinture.

Quand un brouillard ou quelqu’autre qualité de l’air vous empêchera de remarquer de la variété dans le clair des jours, ou dans le noir des ombres, qui environnent les choses que vous imitez, alors n’ayez plus d’égard en peignant à la perspective des couleurs ; mais servez-vous seulement de la perspective linéale pour les diminuer, à proportion de leur distance, ou bien de la perspective aérienne, qui affoiblit et diminue la connoissance des objets, en les représentant moins terminés et moins finis : car cette sorte de perspective fait paroître une même chose plus ou moins éloignée, selon qu’elle représente sa figure plus ou moins terminée. L’œil n’arrivera jamais par le moyen de la perspective linéale, à la connoissance de l’intervalle qui est entre deux objets diversement éloignés, s’il n’est aidé du raisonnement qu’on tire de la perspective aérienne, qui consiste dans l’affoiblissement des couleurs.