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bas, et d’autant plus épuré et plus subtil qu’il est plus haut : cela est démontré par la figure suivante, où nous disons que la tour A F est vue par l’œil N dans un air épais B F, lequel se divise en quatre degrés d’autant plus épais, qu’ils sont plus près de terre. Moins il y a d’air entre l’œil et son objet, moins la couleur de cet objet participe à la couleur du même air : donc il s’ensuit que plus il y aura d’air entre l’œil et son objet, plus aussi le même objet participera à la couleur de cet air : cela se démontre ainsi. Soit l’œil N, vers lequel concourent les cinq différentes espèces d’air des cinq parties de la tour A F, savoir, A B C D E. Je dis que si l’air étoit de même épaisseur, il y auroit la même proportion entre la couleur d’air qu’acquiert le pied de la tour, et la couleur d’air que la même tour acquiert à sa partie B, qu’il y a en longueur entre la ligne M F et la ligne B S ; mais par la proposition précédente, qui suppose que l’air n’est point uniforme ni également épais par-tout, mais qu’il est d’autant plus grossier qu’il est plus bas, il faut nécessairement que la proportion des couleurs, dont l’air fait prendre sa teinte aux diverses élévations de la tour B C F, excède la proportion des lignes ; parce