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Léonard crut alors n’avoir plus besoin de maître ; il sortit de chez André et se mit à travailler seul ; il fit quantité de tableaux qu’on voit à Florence. Il fit aussi, pour le roi de Portugal, un carton pour des tapisseries où il avoit représenté Adam et Ève dans le paradis terrestre ; le paysage étoit d’une grande beauté, et les moindres parties en étoient finies avec beaucoup de soin. Son père lui demanda dans le même temps un tableau pour un de ses amis du bourg de Vinci ; Léonard résolut de faire quelque chose d’extraordinaire ; pour cela il représenta les animaux dont on a le plus d’horreur ; il les agroupa si bien et les mit dans des altitudes si bizarres, que je ne crois pas que la tête de Méduse, dont les poètes ont tant parlé, eut des effets plus surprenans, tant on étoit effrayé en voyant le tableau de Léonard. Son père qui comprit qu’une aussi belle pièce n’étoit pas un présent à faire à un homme de la campagne, vendit ce tableau à des marchands, desquels le duc de Milan l’acheta trois cents florins. Léo-