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CHAPITRE LXVII.

Comme on doit représenter aujourd’hui une bataille.

Vous peindrez premièrement la fumée de l’artillerie, mêlée confusément dans l’air avec la poussière que font les chevaux des combattans, et vous exprimerez ainsi ce mélange confus. Quoique la poussière s’élève facilement en l’air, parce qu’elle est fort menue, néanmoins parce qu’elle est terrestre et pesante, elle retombe naturellement, et il n’y a que les parties les plus subtiles qui demeurent en l’air. Vous la peindrez donc d’une teinte fort légère et presque semblable à celle de l’air, la fumée qui se mêle avec l’air et la poussière étant montée à une certaine hauteur, elle paroîtra comme des nuages obscurs. Dans la partie la plus élevée, on discernera plus clairement la fumée que la poussière, et la fumée paroîtra d’une couleur un peu azurée et bleuâtre, mais la poussière conservera son coloris naturel du côté du jour ; ce mélange d’air, de fumée et de poussière sera beaucoup plus clair sur le haut que vers le bas. Plus les combattans seront enfoncés dans ce nuage épais,