Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

terre, il enlève tout ce qui n’est pas fortement attaché à quelque chose, il l’agite confusément et l’emporte. Ainsi, pour bien peindre une tempête, vous représenterez les nuages entrecoupés et portés avec impétuosité par le vent du côté qu’il souffle, l’air tout rempli de tourbillons d’une poussière sablonneuse qui s’élève du rivage, des feuilles et même des branches d’arbres enlevées par la violence et la fureur du vent, la campagne toute en désordre, par une agitation universelle de tout ce qui s’y rencontre, des corps légers et susceptibles de mouvement répandus confusément dans l’air, les herbes couchées, quelques arbres arrachés et renversés, les autres se laissant aller au gré du vent, les branches ou rompues ou courbées, contre leur situation naturelle, les feuilles toutes repliées de différentes manières et sans ordre ; enfin, des hommes qui se trouvent dans la campagne, les uns seront renversés et embarrassés dans leurs manteaux, couverts de poussière et méconnoissables ; les autres qui sont demeurés debout paroîtront derrière quelque arbre et l’embrasseront, de peur que l’orage ne les entraîne ; quelques autres se couvrant les yeux de leurs mains pour n’être point