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LIVRE PREMIER.

La villa Pia est le seul ouvrage authentique de Ligorio, car rien ne prouve qu’il ait bâti le palais Lancellotti, ainsi qu’on le prétend quelquefois. Ce dernier édifice n’ajouterait, du reste, rien à sa réputation.

Longtemps Gênes, bien que figurant au premier rang par la puissance et la richesse, demeura étrangère au mouvement qui entraînait non seulement Rome, Florence et Venise, mais encore des villes secondaires telles que Vicence et Vérone. Tout entière adonnée au commerce, elle ne prenait pas le soin de s’embellir. Un jour cependant vint où le désir de transformer les vieilles demeures s’empara des principaux habitants, et sous la vive impulsion d’un artiste de talent, Galéas Alessi (1500-1572), fraîchement arrivé de Pérouse, sa patrie, où il s’était distingué par certains remaniements à l’intérieur de la citadelle, des rues entières bordées de palais aussi commodes que magnifiques s’élevèrent comme par enchantement. Les citer tous serait difficile, mais une mention spéciale doit être accordée au palais Sauli, dont la belle cour intérieure, avec son portique à double étage qui rappelle la manière de Palladio, fait l’admiration des connaisseurs.

Alessi a également bâti à Gênes une superbe église, Sainte-Marie de Carignan. En plan, on dirait presque le Saint-Pierre de Bramante et de Michel-Ange. Autour d’une coupole centrale portée sur tambour, et qui ne mesure pas moins de soixante mètres de hauteur, sont disposées quatre coupoles plus petites, dont l’effet extérieurement se trouve amoindri par le voisinage d’un égal nombre de campaniles. Le tout est compris dans un carré parfait de cinquante mètres de côté, si l’on ne