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LIVRE PREMIER.

les circonstances ou les vicissitudes de la direction. Dès le début, d’ailleurs, on eut à lutter contre de graves difficultés. Pour plaire au pape, qui se montrait impatient de voir surgir la grande coupole au centre de l’édifice, Bramante, négligeant sur deux côtés, au nord et à l’ouest, les bras de croix destinés à contrebuter les maîtresses piles, avait donné à ces dernières leur hauteur définitive, bandé les arcs et tout préparé pour pousser plus avant. Mais, au décintrage, un fléchissement s’accusa, des lézardes se montrèrent un peu partout, et comme il arrive souvent, cherchant le mal là où il n’était pas, on accusa le maître d’avoir trop restreint le diamètre de ses piles et mal assis ses fondations. Quoi qu’il en soit, les architectes chargés de trouver des moyens de consolidation ne pouvaient guère faire autre chose qu’englober les parties faibles dans un épais massif, et c’est à quoi ils procédèrent si bien que, de toute l’œuvre de Bramante, à peine si les grands arcs demeurèrent apparents.

En même temps que Saint-Pierre, le Vatican était l’objet d’une complète transformation. Un vallon s’étendait du palais vieux au Belvédère, Jules II résolut de l’enserrer au moyen de deux galeries longues chacune de quatre cents pas. Il obtiendrait ainsi comme un immense cirque, surtout grâce à un escalier à double rampe, montant à l’une des extrémités vers une partie semi-circulaire formant abside. Bramante, toutefois, ne put exécuter que la moitié de ce projet grandiose. La galerie qui domine la ville, dans son état primitif, était seule de lui, car, élevée avec trop de précipitation, elle s’est écroulée peu après son achèvement et