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LIVRE III.

style gothique présente, grâce à ce concours, la particularité d’être terminé en style de la Renaissance. Seulement, pour être exact, il faudrait ajouter que le mot employé en second lieu ne répond pas aux transformations signalées plus haut. Berruguete, qui avait fréquenté Michel-Ange et beaucoup d’autres artistes non moins renommés, arrivait avec les idées alors en circulation à Rome et à Florence. L’imitation de plus en plus étroite de l’antiquité était le but qu’il poursuivait, et il n’avait que faire des charmantes créations en honneur quelques années auparavant. On le voit, du reste, aux grandes constructions qui lui furent commandées par Charles-Quint : le palais de Grenade et l’alcazar de Tolède. Des deux parts, c’est le style gréco-romain le plus avancé, et on n’eut pas mieux fait en Italie.

De tout cela il faut conclure que la critique s’est trompée d’un degré ; elle a confondu la seconde phase de la Renaissance avec la première. L’une a certainement reçu une vigoureuse impulsion de Berruguete, qui, dans ces limites restreintes, peut bien être considéré comme un initiateur ; mais l’autre est le résultat du développement pris par l’orfèvrerie à la suite de la découverte du nouveau monde. L’or et l’argent abondant en Espagne, on chercha naturellement à utiliser ces matières de manière à satisfaire tout à la fois le besoin de nouveauté et le besoin de richesse. La Renaissance, qui, depuis un demi-siècle, florissait en Italie, fut donc mise à contribution ; mais on employa sans discernement, on multiplia sans mesure les éléments fournis de la sorte, en même temps que l’on ne rom-