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LIVRE III.

en conservant au moins dans ses principes l’architecture gothique, si conforme au goût de la nation, ils arrivaient à renouveler intérieurement et extérieurement l’aspect des édifices par l’envahissement des ornements les plus variés et la création des voûtes en éventails (Fan vaults). L’admiration excitée par la chapelle de Henri VII, à Westminster, et celle du King’s College, à Cambridge, ne laissait aucune place à des changements venus du dehors. Les Anglais avaient ce qui leur convenait, la richesse exprimée sous une forme nationale, et nulle nécessité ne se faisait sentir de s’engager dans une autre voie.

Le style Tudor, appelé aussi florid english, dura plus d’un demi-siècle. Jusqu’au règne d’Élisabeth (1557), rien ne put arriver à diminuer son prestige, et le double tombeau du roi Henri VII et de la reine Marguerite, confié au sculpteur florentin Pietro Torrigiano (1519), fut un caprice momentané de Henri VIII. De même, en 1526, Thomas Morus, qui, dit-on, était partisan des idées nouvelles, fit-il venir inutilement Holbein le Jeune. Le célèbre peintre, s’il dota l’Angleterre de superbes portraits, n’exerça aucune influence sur la direction générale de l’art.

Le mérite de déterminer un changement si long à se produire était réservé à John Shure, architecte de la reine Élisabeth. Profitant de l’appui qu’il trouvait à la cour, où l’on n’était pas fâché d’inaugurer avec éclat le nouveau règne, cet habile artiste, dont le goût s’était formé en Italie, commença par introduire dans ses compositions quelques éléments classiques. Il sentait fort bien qu’il fallait momentanément res-