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LIVRE III.

principale introductrice du gothique en Italie. La chose lui fut facilitée évidemment par la fréquence des relations entre les deux pays. Durant tout le moyen âge, au milieu d’interminables luttes, d’un côté, pour la conquête, de l’autre, pour l’indépendance, il y eut échange d’idées, pénétration de sentiments. Plus qu’ailleurs, le terrain était tout préparé, et la Renaissance, semble-t-il, ne pouvait manquer de trouver en Allemagne un accueil empressé. Cependant le contraire arriva. La transmission se fit lentement et sans suite ; aucune école, à proprement parler, ne fut créée ; mais, çà et là, apparurent des types isolés qui, sauf les cas où l’importation est directe, manquent autant de grâce que de puissance. Comme aux époques précédentes, l’entente des proportions, la verve, la souplesse sont souvent remplacées par un certain pittoresque, une véritable exubérance de détails.

Ce que nous venons de dire ne s’applique pas à la partie orientale de l’Allemagne, aux trois ou quatre provinces qui dépendent de l’empire austro-hongrois. Là, soit que les traditions aient été moins fortement enracinées, soit que les architectes venus en plus grand nombre du dehors aient trouvé plus de facilité pour faire exécuter leurs œuvres, non seulement la Renaissance apparaît de bonne heure, mais encore ses caractères sont d’ordinaire essentiellement italiens.

En France, nous l’avons vu, les constructions civiles tiennent le premier rang. Il en est de même dans toute l’Allemagne, où, à part de rares et peu brillantes exceptions, l’art religieux n’a suivi le mouvement que vers 1575.