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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

qui étaient fort avancés lorsque le fondateur mourut en 1462[1].

Il est vrai que l’Italie du xve siècle pouvait payer sa gloire : c’était alors la plus riche nation de la chrétienté. Le sol, fertile et bien cultivé, récompensait largement le paysan de ses labeurs ; les villes s’adonnaient au négoce avec les provinces et avec l’étranger ; Gênes et Venise étaient encore les reines de la Méditerranée. Les opérations de banque, déjà connues et pratiquées sur une vaste échelle, enrichissaient ces deux villes en même temps que Florence. Toute l’Europe recherchait les produits de l’industrie italienne. L’opulence, qui avait amolli les mœurs, éteint le patriotisme national d’ailleurs assez peu développé, par là même qu’elle éveillait des instincts de luxe, laissait vivre dans toute son énergie ou plutôt exaltait le patriotisme local. Aussi l’art présente-t-il en Italie un caractère bien différent de celui qu’on retrouve dans les pays environnants : au lieu d’être l’expression de toute une race, il est celle d’une ville, d’une région relativement restreinte ; bien plus, il s’assouplit aux conceptions individuelles de chaque artiste qui, dans sa recherche de ce qui le distinguera d’un rival ou dans le respect qu’il conserve de son propre génie, tempère largement par son imagination les rigueurs de la logique et appose à ses œuvres comme la meilleure des signatures son style personnel. Dans un monument, dans un tableau, dans

  1. Pienza est, avec Manfredonia, bâtie par Manfred vers 1260, le seul essai important de ville neuve tenté en Italie depuis l’antiquité. On sait qu’en France, au contraire, les créations de ce genre ont été fort nombreuses.