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LIVRE II.

de se procurer une existence plus agréable en apportant aux dispositions de leurs vieux châteaux des changements importants. Car il s’agissait bien moins de reconstruire que de transformer, et plusieurs motifs plaidaient en faveur de cette entreprise restreinte. On ne pouvait, sans compter la dépense qu’entraînerait la complète destruction de murs solides et épais, se laisser aller à supprimer toute trace d’ancienne possession. Puis, à une époque où la sécurité était souvent compromise par les bandes de pillards qui parcouraient les provinces, à moins de creuser de nouveaux fossés, il ne fallait pas songer à se priver de ceux depuis longtemps existants, en changeant le périmètre primitif.

Les châteaux de la Renaissance, bâtis sur plan irrégulier, flanqués de tours presque toujours rondes, munis de créneaux et de mâchicoulis, forment donc la famille la plus nombreuse, du moins jusqu’à la fin du règne de François Ier. Même à Gaillon, à Saint-Germain-en-Laye, à Fontainebleau, les architectes ne purent avoir leurs coudées franches, et l’on sent combien l’obligation dans laquelle ils étaient enserrés fut cause parfois de sérieux embarras. À Blois, les brillantes façades de l’aile élevée sous François Ier dérobent une épaisse courtine qui traverse le bâtiment dans toute sa longueur. Ces exemples suffisent, étant donné qu’ils sont fournis par les châteaux les plus célèbres.

Dans le but d’obtenir, sinon toujours un plan rectangulaire, du moins un peu plus d’espace, certains seigneurs n’hésitèrent pas cependant à sacrifier entièrement la demeure des ancêtres ; on en vit même qui,