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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

rable, et le style Henri II, au moins en ce qui concerne le système décoratif, est le point de départ d’une ère nouvelle.

Les ordres antiques, prenant de jour en jour plus d’importance, arrivent bientôt, sans respect pour les traditions nationales, à jouer dans les constructions le rôle principal. Avec eux on a la prétention de suffire à tout, et si les surfaces laissées libres réclament des ornements, c’est de moins en moins que la sculpture est mise à contribution. La grâce, la souplesse, la verve, la finesse, la légèreté qui rendent si attachantes, malgré leurs fréquentes imperfections, les productions de notre moyen âge et du premier demi-siècle de la Renaissance, sont considérées comme des qualités dont on peut se passer ou comme des défauts à éviter. Souvent l’architecte, trop vivement pénétré de son propre mérite et ne voulant partager avec personne la gloire d’avoir fait une œuvre remarquable, accorde au sculpteur une place si petite que celui-ci, ainsi que nous le voyons à Rome dès le temps de Bramante, ne peut guère être tenté d’intervenir d’une façon quelconque dans l’arrangement général.

Sous Henri II, certaines fenêtres, comme à Cœuvres (Aisne), ne produisent guère l’effet que de trous réguliers percés dans un mur lisse. Les portes donnant sur les cours, pour la plupart, affectent également une grande simplicité. Mais l’ornementation ne disparaît pas subitement, et tout d’abord on se contente de la changer de place. Négligeant quelque peu frises, corniches et chapiteaux, elle envahit le fût des colonnes, sans doute pour justifier la célèbre invention dont Phi-