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LIVRE II.

ment de toutes pièces sur un terrain choisi par eux, se trouvèrent moins tentés de rechercher la symétrie. Leurs efforts, conformément à la tradition, tendirent surtout à obtenir un certain effet pittoresque, à établir une correspondance entre les dispositions intérieures et l’arrangement extérieur. Habilement ils parvinrent à allier deux arts qui semblaient être l’exclusion l’un de l’autre, et tempérèrent la froideur des imitations antiques par la variété et la richesse de leurs combinaisons.

Nous dirons en parlant des églises ce qu’on fit de l’arc brisé. Dans les monuments civils, l’arc en anse de panier ne tarda pas lui-même à devenir très rare. Le plein cintre ressaisit presque toute la puissance qu’il avait eue avant le milieu du xiie siècle. Réfugié le plus souvent sous un entablement et serré entre des colonnes, il détermine les espacements et maintient dans les portes et les galeries du rez-de-chaussée, jusqu’aux approches du règne de Henri III, une certaine largeur relative. Si les fenêtres par leurs croix de pierre formant meneaux rappellent les deux siècles précédents, les frontons dont elles sont couronnées constituent une innovation. En outre, les ordres antiques s’accusent très franchement, imposent sur les façades les lignes principales, se multiplient et tendent à confisquer à leur profit la décoration que l’art roman et l’art gothique prodiguaient dans les embrasures des baies.

Cette dernière transformation, qui généralement est complète dès l’année 1550, clôt la seconde période. On pourrait presque dire qu’avec elle s’achèvent les temps de formation de la Renaissance, car, entre les deux moitiés du xvie siècle, il a une différence considé-