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LIVRE II.

couronnée d’un chapiteau de fantaisie n’ayant de corinthien que les volutes. Par une autre singularité, et sans qu’il y ait eu de la part des artistes la moindre préoccupation de pastiche archéologique, — l’archéologie, au xve et au xvie siècle, ne consistait qu’à connaître assez superficiellement l’antiquité romaine, — l’architecture de la Renaissance, durant ses deux premières périodes, se trouve rapprochée de l’architecture romane et de l’architecture gothique rudimentaire. De nombreux chapiteaux, qui ne remontent pas au delà de 1520, semblent de loin avoir été exécutés au xiie siècle ; on est revenu au pilier monocylindrique, à peu près abandonné depuis le temps de saint Louis ; les bases de nouveau se chargent de griffes, comme sous Louis VI, Louis VII et Philippe-Auguste.

Dans la manière de couronner les édifices, la Renaissance française ne se montre pas moins l’héritière du moyen âge. Jusqu’à la mort de Louis XII et même bien au delà, quand il s’agit des églises, les voûtes d’arêtes sur nervures sont seules usitées. Loin de s’abaisser, les toitures tendent plutôt encore à s’élever, et quelques-unes d’entre elles arrivent parfois à doubler la hauteur totale. De là le maintien des lucarnes se détachant sur l’ardoise sombre ; presque toutes sont flanquées de clochetons, de pinacles, naturellement mis en harmonie avec le reste. Entre les murs et les combles s’opère ainsi une sorte de transition ; la corniche ne sépare pas brusquement une partie droite d’une partie oblique. Ajoutons que ce dernier membre d’architecture, dans une certaine mesure, par ses découpures, cherche à donner l’illusion des mâchicoulis