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LIVRE II.

façon. Dans ces conditions, l’architecture ne pouvait être longtemps négligée, et de fait, c’est de ce côté-là que se portera bientôt le plus grand effort. En attendant, on se contente de mettre un frein à l’exubérance maladive qui menaçait de tout envahir. Une petite place est créée aux motifs les plus délicats ; l’ornementation, sans être moins riche, devient moins touffue.

Nous avons déjà parlé de Michel Colombe ; c’est assurément à ce célèbre sculpteur, retiré à Tours depuis l’année 1470 environ, que la meilleure part doit être attribuée en tout ceci. Ses œuvres, d’un sentiment si profond et d’une exécution si parfaite, ne seront pas dépassées plus tard. Dans les dispositions générales, il sait, tout en s’écartant peu des données du moyen âge, renouveler et embellir. Les collaborateurs, d’ailleurs, ne lui manquent pas, et parmi eux figure, pour la partie ornementale, un Italien du nom de Jérôme de Fiésole. Cet artiste, un document en fait foi, est l’auteur non seulement des arabesques qui tapissent les nombreux pilastres du tombeau de François Ier, duc de Bretagne (1501-1507), à la cathédrale de Nantes, mais encore des rinceaux si gracieusement jetés autour du tombeau des enfants de Charles VIII (1506), à la cathédrale de Tours. En outre, la même main se reconnaît à Solesmes (Sarthe), dans les deux grands et beaux pilastres, datés de 1496, que l’on est, tout d’abord, quelque peu étonné de voir mêlés à des ornements en pur gothique. Il y a là, certes, un nouvel argument en faveur de l’attribution à Michel Colombe du groupe de statues figurant l’Ensevelissement du Christ. Jérôme de Fiésole faisait partie de l’atelier du maître tourangeau, et il ne fût pas