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la maternelle

Je me suis découvert des tendances à la délation.

Je comprends très bien maintenant « le besoin de méchanceté » chez les enfants ; cela existe comme une sorte d’appétit physique. J’aurais éprouvé un bonheur immense à pouvoir aller jacasser partout, telle une gamine malicieuse : « Le délégué cantonal et la directrice s’entendent pour tromper l’administration ; le médecin de l’école signe des rapports sans se déranger ; le délégué cantonal sort gravement de son rôle… »

La conduite aux cabinets, d’une heure à une heure un quart, a eu lieu sous une averse torrentielle et tout l’après-midi, les enfants ont été insupportables. On ne se doute pas combien la discipline scolaire est influencée par les variations du baromètre. Il semble notamment que l’humidité atmosphérique s’interpose pour diminuer le magnétisme autoritaire des maîtresses.

La directrice m’a laissé complètement les petits, devenus hargneux et qui n’arrêtaient pas de s’asticoter, de se tortiller sur leurs bancs.

J’ai organisé le premier et le plus simple des exercices de pliage. Chaque enfant reçoit un morceau de papier, à charge de le rouler en balle, « comme si l’on voulait faire jouer le petit chat ». Explications concomitantes :

— Pourquoi le papier se met-il en boule ? parce que le creux de la main est rond.

— Pourquoi des balles de plusieurs grosseurs ?