Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
la maternelle

tablier se gonflent, telles des mamelles supplémentaires.

La directrice et Mlle Bord sont en grande conversation près de la balustrade : très droites, très nobles de lignes, elles avèrent l’impériale faculté de planer au-dessus de la multitude, sans la voir, sans l’entendre.

J’ai bien réussi d’avoir bougonné après Brunetière ! M. Libois n’en est pas encore revenu. Il m’accable de sa curiosité. Je redouble d’impassibilité, d’inattention à l’existence de ce bipède pareil à tous les autres.

Sur une question qu’il a posée pendant que je trimais pour la sortie du déjeuner, la directrice m’a considérée au passage, avec étonnement, et elle a répondu : « Non, non, je ne crois pas ».

À vrai dire, il m’ennuie énormément, il m’exaspère. Je n’ai pas de goût pour la gloire.

— Enfin, dis-je à Mme Paulin, jamais un délégué cantonal n’a montré pareil zèle ! Il ne rate pas une semaine.

— Chuutt ! malheureuse ! a soufflé Mme Paulin. Il est médecin, il n’exerce pas ; mais, souvent, il remplace le médecin de l’école qui est un de ses amis et qui devrait inspecter ici au moins toutes les quinzaines, sans manquer. Vous avez bien vu, l’autre jour : M. Libois a passé la revue générale des enfants dans les classes, parce que son ami était empêché sans doute. Surtout, pas un mot ; censément il n’y a que la directrice qui sait le truc.