Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
la maternelle

dents de culotte ; et je distingue chez une gamine cette inquiétude dont la source ne se dissimule pas.

Je m’approche en même temps que la directrice : une mare s’est étalée sous la gamine et celle-ci, terrifiée, mal parlante, se défend :

— J’avais… j’avais pas envie.

Une plus grande la montre du doigt et glapit d’un air enchanté :

— Madame ! c’est la môme Prévot…

— Hein ? Comment avez-vous dit ? je n’ai pas bien entendu, interrompt la directrice.

— C’est Marie Prévôt, madame, c’est son tablier qui coule ! Sa mère part à six heures, alors, madame, all’ était dehors, toute mouillée ; c’est moi qui l’amène, madame, all’ demeure dans ma maison.

— C’est bon ! du silence… Adam aura trois mauvais points… Tiens, toi, et ne tousse pas, surtout.

La directrice donne une pastille à Marie Prévot, et tourne le dos, après avoir réfléchi un instant.

La femme de service ne peut se permettre de formuler un avis ; aussi m’en gardais-je bien ; seulement je ronchonne distinctement :

— Parbleu ! on ne va pas encombrer notre cantine…

La directrice fait volte-face et me foudroie.

— Votre cantine ! dirait-on pas que c’est un sanctuaire ?… Justement j’y pensais : conduisez-moi cette enfant, à Mme Paulin et qu’on l’asseye près de la cuisinière.