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Ce fut un de ces jours printaniers où les bâtiments administratifs suintent une austérité froide en contradiction avec la nature et avec le besoin d’affection et de sécurité que l’on porte en soi. Et, il faut le dire aussi, un jour de persécution de Mme Paulin. Je terminais cette séance de prison dans un état d’agacement égoïste. Gaston Fondant et ses deux frères restaient les derniers dans le préau ; je rangeais pour n’avoir plus qu’à balayer après leur départ.

Gaston avait voulu me suivre, selon l’habitude, en trottinant accroché à ma jupe. Je l’avais renvoyé : « Laisse-moi ! » de telle façon qu’il était allé se blottir près de ses frères.

Comme je portais la corbeille débordante de papiers récoltés dans les coins et sous les bancs, il tira mon tablier au passage ; des papiers tombèrent. Je me baissai, posai la corbeille par terre et, avant de rien ramasser, d’une impulsion nerveuse irrésistible, je lançai une claque à l’enfant. Moi ! j’ai fait cela !

Mme Paulin me l’avait annoncé : « On ne peut pas s’en empêcher. »

Oh ! ce fut affreux ; mes doigts — faute de trouver assez de ressort, — avaient atteint les petits os ! Et la chair était si pauvre qu’elle ne rougit même pas sous le choc ! Puis, je vis cette tête d’innocent préparé « à en recevoir encore », qui s’était levée de surprise et demeurait offerte. Les yeux disaient : « Toi aussi ? Eh bien, va, fais-moi du mal si ça te soulage… mais oui, c’est dans la nature des plus