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qu’eux-mêmes, et — selon leur expression vindicative — ils ne la ratent pas : facilement, ils adressent une plainte à M. l’inspecteur, ou à M. le directeur de l’enseignement, sur du papier de cérémonie, avec force protestations de dévouement servile.

Mais la voici, la note gaie, à propos d’affection paternelle :

Quand la directrice siège dans le préau et qu’il ne s’agit pas de faits très graves, les parents conversent avec elle, sur place, au-dessus de la barrière, au lieu d’aller dans son cabinet. Si je me trouve occupée à attifer des enfants, je ne me dérange pas ; car, — par l’excès même de mon anxiété observatrice, — j’ai pris un visage mort, un air de stupidité laborieuse, tout à fait en convenance avec ma fonction, — aussi puis-je, sans indiscrétion, rester près de la directrice : « Je n’existe pas ».

Donc, avant-hier, le père de Gillon se met à discourir pompeusement à l’entrée du préau. M. Gillon, employé de bureau, est un parent important, pour le quartier. Son fils — si triomphant de bêtise — est un de ces enfants bien habillés, décoratifs, à qui l’on tient, parce qu’ils rehaussent la population scolaire.

— Voyez-vous, madame la directrice, je crains le surmenage pour mon cher bonhomme ; il est trop intelligent pour son âge, vraiment…

La directrice écoutait debout, souriante, absolument charmante et réglementaire avec ses beaux