J’ai donné le panier. Tricot franchit la barrière. Sa chère mère, qui réclamait si passionnément des égards pour lui, pose son seau par terre et lui détache une formidable torgnole :
— Mais aussi, tu ne peux pas le préparer d’avance, ton panier ?
Les enfants gardent-ils de la rancune contre leurs parents, après avoir été « corrigés » ? Non, ils sont solidaires des parents, dont ils partagent de bonne heure les souffrances et « ils comprennent les claques ». Ils s’habituent à être claqués comme on s’habitue à mal manger ; on pourrait même dire que, parfois, ils y prennent goût : certains parents ont la taloche gaie, ils rossent jovialement, pour un peu on provoquerait les « corrections ». Et aussi, les enfants excusent les punitions même injustes, qui s’abattent d’un coup, par la vivacité du sentiment ; cela n’a pas d’importance ; on n’y pense plus, de part et d’autre, au bout d’un instant. La punition réfléchie, celle qui s’aggrave de règlement, est moins bien acceptée ; les punitions de l’école, assumant un caractère de permanence, pourraient rendre les enfants vindicatifs et sournois.
Tricot n’a pas sourcillé, sa tête a seulement cogné contre la barrière : chargé de son panier, il a eu la complaisance avisée de prendre à son bras le seau de sa mère et, l’air entendu, il est parti devant, comme un homme.
C’est lui qui, appréciant sa mère, d’un ton de