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— Attention ! mes enfants, tous ensemble… et tâchez de ne pas bavasser comme des perroquets, tâchez de sentir un peu ce que vous dites.


Pourquoi

« Ne va pas dans la cour, entends-tu, Petit Pierre.
— Mais, père, il ne pleut plus.
Mais, père, il ne pleut— C’est égal reste ici.
— Mais pourquoi ?
— Mais pourquoi ?— Parce que…
— Mais père…
— Mais père— Eh bien, vas-y. »


Or la glace, en séchant, avait gelé la pierre,
Dès qu’il eut fait un pas sur le pavé glissant,
Pierre tomba par terre et resta gémissant.
Que ton père commande ou défende une chose.
C’est toujours ton bien qu’il t’impose.
Obéis donc, enfant, sans demander pourquoi
— Pour toi !


Aujourd’hui, pendant la récréation, j’observais trois gamins : Ducret, Virginie Popelin, Marie Doré ; sans erreur possible, à leur faux air de sagesse, à leur vigilance sournoise vers les maîtresses, ils jouaient à quelque chose de défendu. Eh bien ! ils sont arrivés à une telle perfection de clandestinité, que je n’ai jamais pu découvrir à quoi ils s’occupaient.

— Parbleu ! ces trois-là sont à l’école depuis l’âge de deux ans. Que dis-je ? Ils ont été mis à la crèche le lendemain de leur naissance ; âgés de six ans, ils ont six ans de discipline ? Leur figure même est scolarisée ! Ils exhibent ici une expression spéciale, une physionomie d’uniforme