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Je viens d’interroger la couverture du livre bleu : ils sont deux auteurs, ils se sont mis à deux pour amplifier le noble souffle purificateur : un maître d’études et son chef. Parbleu ! ces gens ont tellement l’habitude de craindre le qu’en-dira-t-on, et d’agir pour le résultat superficiel, ils sont contraints à un tel truquage professionnel, qu’en fait de morale, innocemment, ils indiquent aux enfants la roublardise ; ils n’enseignent pas le bien, ils enseignent à prendre les attitudes louables : de l’artificiel, rien que de l’artificiel. Ce sont des fonctionnaires qui ne voient que sous le jour administratif et, — je le sens bien tous les jours à l’école, — il n’y a pas de nature possible en atmosphère administrative.

En effet, — je l’ai constaté, je l’ai entendu avouer par des maîtresses, je l’ai entendu conseiller presque crûment par la directrice et par l’inspecteur, — dans l’enseignement, le mot d’ordre n’est pas de fournir des leçons qui profitent aux enfants, il s’agit de leçons qui fassent de l’effet au regard du public. Et pas moyen d’échapper à cette obligation.

Extérieur ! extérieur ! Apparence ! L’instituteur, l’inspecteur, ne peuvent pas travailler pour les enfants, ils sont forcés de travailler pour les notes hiérarchiques, pour le règlement, pour l’administration. Et l’administration est forcée de fonctionner « pour la statistique », pour les rapports et les comptes rendus.

La frime s’impose dans tout. Ainsi la grosse annonce clamée sur tous les tons, à propos de