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parlent au cœur de l’enfant ; nous sommes dans le sentiment — avec l’auteur, — restons-y.

Il y a un chapitre spécial sur le devoir d’aimer ses parents. Un enfant pourrait ne pas aimer ses proches croyant que c’est facultatif ; on lui signifie que c’est obligatoire et crac ! il se dépêche.

Un exemple de dévouement filial est fourni. Car, enfin, faut-il savoir dans quelle forme il est préférable de se dévouer finalement. Découpez-moi votre abnégation sur le patron ci-dessous :

« Une maison s’écroule ; dans les décombres, on retrouve le propriétaire appuyé sur les deux poignets le dos en voûte, supportant à grand’peine une masse de décombres et protégeant sa mère qui était tombée devant lui et qu’il aurait étouffée sans son admirable dévouement. Retiré des décombres, dès qu’il peut parler, il s’écrie : « Je sais que je suis ruiné, mais je ne me plains pas, j’ai eu le bonheur de sauver ma mère. »

Voilà le cri filial, voilà le jet de l’âme, voilà la première exhalation de l’homme transporté d’affection émue : « Je sais que je suis ruiné… » On le voit, mesurant d’un regard circulaire l’importance du dégât. Puis : « Je ne me plains pas », seconde préoccupation d’intérêt : il annonce d’avance la générosité de ce qu’il va proférer, afin d’en tirer toute la compensation possible, « Je ne me plains pas », c’est-à-dire : « Malgré la perte immense que je subis, vous allez admirer ma grandeur d’âme… »

Hein ! ce mélange de calcul et de prétendu dévouement, cette façon de peser la perte et le