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donc bien d’une mode, d’une convention strictement réglée, à laquelle on doit être attentif. Autrefois, un enfant disait vous à ses parents et s’agenouillait souvent avec crainte : aujourd’hui, l’on peut se dispenser du vous et de la crainte, mais « la distance entre parents et enfants n’en est pas moins grande », et il n’en existe pas moins une nécessité de « démonstrations » qui prime tout.

Malheureusement je ne peux pas reproduire la texture sinistre et pierreuse de cette leçon.

Une pareille matière, bien entendu, comporte des exemples historiques. L’auteur cite, comme fils « presque irréprochable », le marquis de Mirabeau « qui s’accusait d’avoir profité de la loi qui abrégeait le deuil autrefois extrêmement long après la mort d’un père ». Hein ? est-ce beau, est-ce d’un noble cœur, d’une profonde sensibilité, ce Mirabeau qui dissertait et se dépitait publiquement de son manque de tenue ? Et comme les enfants doivent comprendre que, regretter son père, c’est exhiber longtemps des habits noirs ! Le code sur la façon de traiter la famille va ainsi jusqu’au bout : du salut au crêpe ! Quelle prévoyance de la part des éducateurs ! Les parents n’ont pas à s’inquiéter : tout est réglé jusqu’après leur disparition ! Et quelle commodité pour la jeunesse munie d’un programme classique d’affection pour toutes les circonstances !

Je ne commenterai pas l’obéissance aveugle due aux parents « qui sont les représentants de la loi », parce que je veux rester sur les choses qui