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dans cette étuve, ah ! mais, une fournaise à se sauver… Alors, on accroche tous les meubles aux murs et au plafond, — c’est drôle les chaises et la table au plafond ? — on passe le chiffon mouillé par terre et on se couche à même, avec une simple chemise, sur le carrelage nu, c’est le seul moyen d’arriver à dormir un peu… seulement, je vous le dis, ces deux gosses ont une drôle de touche, l’été, ils sont comme en bois… Comprenez-vous, ils ont vu le soleil aujourd’hui… ils ont étouffé, ils ont cherché de l’air… ah ! les deux petits bougres !

À la sortie de quatre heures, le châtiment continue : les deux Pantins sont dans le préau, assis à part, tels des pestiférés, contre le mur, entre les deux portes de classes. La punition réussit, car, serrés l’un contre l’autre, ils pleurent interminablement, affaissés comme des loques.

Au milieu du préau, la directrice, Mme Galant, la normalienne délibèrent : les deux Pantins s’en vont seuls d’habitude, faut-il les faire accompagner, ou bien faut-il envoyer chercher la mère ?

Ces dames sont là plantées, noires, pleines de pédagogie et de conviction, décidées à opérer le sauvetage, la guérison morale des deux vagabonds, à tout prix ; leurs yeux planent, leurs fronts se chargent de nuages, elles semblent consulter le bâtiment scolaire, les lignes droites, les angles rigides, la peinture marron et cette atmosphère de Règlement inhérente aux locaux.

Mme Galant qui n’est pas de service conduira les deux Pantins à leur porte, et demain, on enverra