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autres, on aurait juré qu’ils allaient se lever pour coller leur face en extase sur la face irradiante de cette hystérique de l’enseignement !

Et avec quoi, ce résultat ? Je l’ai déjà écrit : il suffit de rien ; quand la circonstance veut que la méthode des écoles maternelles s’adapte juste, on assiste à une germination merveilleuse.

Une branche de lilas a été trouvée par terre. Mon institutrice n’a pas cherché plus loin. Du lilas ! Nous allons en apprendre des choses, en nous amusant ! Pourvu que la pendule ne marche pas trop vite !

À chaque enfant une feuille et une parcelle de lilas sur la table, devant lui. Et l’institutrice élabore une mixture parfaite : leçon de choses, travail manuel, dessin, morale. Mais, ce qu’on ne peut exprimer, c’est l’éloquence et la poésie maternelles, c’est le don de sortir toute une joie, tout un monde, toute une science, de ses mains, de son visage, de sa voix, de sa poitrine et de s’en ébahir et d’en remercier censément l’auditoire !

Première joie, première découverte : les parcelles de lilas, ces calices minuscules, peuvent se passer dans un fil et faire des guirlandes, des pendants d’oreilles ; il faudra montrer cela à nos petits frères, à nos petites sœurs ; ces bambins voudront s’appliquer pour glisser leur fil, ils serreront les doigts malgré eux, le lilas s’écrasera ; ils feront une si drôle de grimace qu’il faudra attraper leur menotte, l’embrasser et leur apprendre à enfiler délicatement.