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Si les maîtresses étaient seulement douées de la pénétration enfantine !

Elles usent étroitement de formules convenues, sans même se méfier de la double face des mots, à plus forte raison ne soupçonnent-elles pas l’effet profond, compliqué, désastreux, qui peut résulter d’un appoint inattendu d’atavisme ou d’exemple.

Par une ironie sans pareille, le dévouement sublime, la foi professionnelle totale se trouvent unis à de mesquins préjugés, à une vue fausse du peuple, du monde. Et cette constatation stupéfiante s’impose que la carrière d’institutrice est étrangère au progrès des idées, étrangère même aux intérêts féminins.

J’ai entendu la directrice, au visage fin et bienveillant, dire carrément :

— Je parcours la Revue féministe, parce que M. Libois me la prête, mais vous pensez bien que je n’achèterais pas cette publication de déséquilibrées.

Étant donné ce retard indéniable sur le mouvement intellectuel, il faudrait savoir comment sont fabriquées les institutrices.

Mlle Bord a encore moins l’air « de se douter de quelque chose » que Mme Galant ; ou plutôt la normalienne est mieux l’adepte de notre enseignement aveugle, dogmatique.

Mais, au fait, les institutrices sont de deux sortes : les normaliennes et les autres, simplement pourvues du brevet élémentaire ou du brevet supérieur. Mme Paulin m’a appris cette importante différence,