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Irma Guépin, etc., acharnés à conspuer Tricot qui est en guenilles : sa chemise passe au derrière, ses genoux de pantalon sont arrachés, son tablier sans bouton échappe aux épingles, sa figure est en mauvais état, ses cheveux semblent avoir servi à balayer. La troupe épileptique braille cette moquerie :

— Ah ! la purée ! Ah ! la purée !

Eh bien, ce matin, la normalienne a commenté une petite fable, « La Renoncule et l’Œillet », d’où cette objurgation : « Il faut rechercher la bonne société, rejeter les promiscuités disgracieuses, juger les gens sur l’extérieur », d’où aussi un parallèle entre l’enfant bien tenu et l’enfant mal tenu… Et la férocité à conspuer Tricot et sa misère pourrait bien n’être que l’effet de cette leçon imprudente. La normalienne ne se défie pas assez des interprétations « à côté ». Pauvre Tricot ! Il faut fuir la mauvaise compagnie… Y a-t-il pire approche que la sienne ?

Il est vrai que Mademoiselle a eu soin d’amender sa morale par un aperçu complémentaire : « Toutefois, pour être heureux, il faut regarder au-dessous de soi, jamais au-dessus. »

Je ne connais guère qu’une demi-douzaine d’enfants, comme la Souris, Léon Chéron qui puissent prendre cette leçon dans le sens utile ; les autres entendront plutôt qu’il faut guetter le malheur d’autrui et s’en réjouir.

Et encore, non, je répudie la tendance totalement.