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autoritaire de M. le délégué. Je ne suis pas faite comme tout le monde, moi : j’oserais plutôt moins le regarder maintenant.

Pour en revenir au problème des punitions, je voudrais les remplacer par du raisonnement et de l’explication : « Tu as fait cela, c’est mal, je vais t’expliquer pourquoi. Écoutez, vous autres, pourquoi votre camarade a mal agi. »

La pédagogie officielle prône chaleureusement ce système. Mais où trouver le temps, le moyen, avec soixante enfants par maîtresse ?

Et puis, encore, ce procédé est si dangereux quand on ignore la condition des élèves.

Hier matin, aussitôt l’appel terminé, dans la classe, la normalienne à son bureau, le visage composé, annonce d’une voix caustique :

— Je vais vous raconter une histoire de Mlle Brouillon.

Toutes les têtes se tournent vers Hélène Leblanc.

Mlle Brouillon, une grande fille de six ans, habille sa petite sœur. Savez-vous comment ? Elle lui a mis des chaussettes dépareillées ! Voilà trois jours aussi, que Mlle Brouillon néglige de faire recoudre des boutons à son tablier.

Moi qui suis allée reconduire les deux petites Leblanc oubliées récemment à l’école, je connais une autre histoire. Leur mère a filé, voilà quatre jours, abandonnant mari et enfants, emportant pêle-mêle une partie du linge ; si bien que beaucoup de pièces se trouvent dépareillées, notamment